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Les Anciens Combattants Amérindiens et Vétéran Autochtones Canadiens.

citoyenneté et entre deux guerres

Le Congrès a accordé la citoyenneté aux anciens combattants indiens libérés honorablement en 1919 (Loi du 6 novembre 1919, 41 Stat.L. 350). Cinq ans plus tard, la citoyenneté a été étendue à tous les Indiens nés aux États-Unis (Loi du 2 juin 1924, 43 Stat.L. 253), et en 1928 les Indiens sont devenus pour la première fois un facteur dans la politique des élections présidentielles. Le vétéran de guerre Sylvester Long Lance est allé sur la route de campagne avec Hoover, dont le candidat à la course était un Indien Kaw, Charles Curtis.

 

L’après-guerre venu, les vétérans de la réserve de Grand River s’organisèrent politiquement afin d’aider à éliminer le système des chefs héréditaires, traditionnel chez les Six Nations, dont ils prétendaient qu’il ne les avait pas soutenus et n’avait pas soutenu leurs familles durant la guerre. Leur objectif, qu’ils réalisèrent en 1924, consistait à mettre en œuvre une gouvernance par des Conseils de bande élus, comme l’y autorisaient à cette époque les dispositions de la Loi sur les Indiens.

Les complications relatives à la propriété des terres, à la fois dans les réserves et hors de celles-ci, font en sorte qu’il devient quasi impossible pour les anciens combattants indiens d’obtenir des prêts aux fins de rétablissement. Les allégations selon lesquelles les soldats qui reviennent sont émancipés contre leur gré (perdant ainsi leur titre d’Indiens inscrits) et se voient refuser les avantages prévus dans la Loi sur les allocations aux anciens combattants,concourront à mécontenter encore plus les anciens combattants autochtones, dans les années 1920 et 1930.

Pendant l’entre-deux‑guerres (entre 1919 et 1939), aucun compte rendu de la Grande Guerre n’est complet sans que l’on salue au passage la bravoure des Indiens du Canada à la guerre. Les liens de camaraderie transcendent les frontières culturelles. La Légion royale canadienne admet que les anciens combattants autochtones sont traités injustement et adopte des résolutions demandant des avantages égaux pour les Indiens inscrits. En 1936, les politiques du gouvernement sont revues afin de refléter ces recommandations.

 

Après l'armistice, la presse populaire aux États Unis s'est interrogée sur l'absence d'un « hommage » approprié aux efforts de guerre indiens et nota que les Indiens canadiens avaient obtenu le droit de vote en reconnaissance du service de guerre. Accompagné par l'avocat Omaha, Thomas Sloan, et l'homme d'affaires Snohomish Thomas Bishop, Joseph Dixon a lancé une campagne pour la citoyenneté au Congrès. 

La guerre a également eu un impact culturel durable sur la vie des réserves. Après la Croix-Rouge, la Légion américaine est devenue l'une des premières organisations non indiennes à s'établir dans le pays indien. Henry Tallman, qui a survécu à une année de combat en France avec la 1ère Division, a organisé le premier poste de la légion Navajo avec vingt-quatre membres et était un délégué à la convention des légions de 1930 à Boston. Joe Pocantico de Pine Ridge, récipiendaire de la Croix de Guerre française et de la Croix du service distingué, « mettait son chapeau de guerre et son costume » pour soutenir les déplacements de la légion. Les chefs tribaux ont fait des discours patriotiques dans les foires tribales, et les powwows et les funérailles ont commencé à combiner les drapeaux américains avec des symboles traditionnels. Chauncey Eaglehorn, qui est tombé à Château Thierry, a été enterré sur la réserve Rosebud dans une cérémonie élaborée comprenant des militaires indiens, des scouts, un service épiscopal, et un camp de tipi de quelque cinq mille Sioux. Richard Blue Earth et Albert Grass ont été inhumés à Standing Rock dans un mélange de cérémonie de la Légion américaine et de cérémonie traditionnelle.

 

 

Il y a un fait méconnu du retour des anciens combattants amérindiens après la grande guerre, le refus des anciens de leur accorder le statut de guerrier.  Ils existent, en fait, durant les années 1920 un rapport d’autorité entre les anciens guerriers et les nouveaux vétérans.

A.B Welch citera un cas particulier : ‘’ une douzaine environ de vieux guerriers se mirent à danser et au moins trois jeunes hommes, blessés en France, prirent part a la danse, pour la première fois. Plus tard dans la soirée, ces jeunes hommes se virent signifier qu’ils avaient gagné le droit d’entrer dans la danse à tout moment, mais qu’ils devaient d’abord prouver qu’ils avaient été blessés au combat’’

Ce rappel des principes permet de réaffirmer le contrôle des anciens sur les jeunes. Le récit d’exploit ne sert plus à faire valider publiquement un statut par d’autres guerriers, parce que l’exploit a été rarement accomplis en présence de membres de la tribu, son récit ne peut plus faire l’objet d’une vérification; malgré les médailles et les blessures reçues, parfois au prix d’un membre amputé. A Bullhead, les anciens auraient même refusé de reconnaitre les exploits des vétérans de la grande Guerre, parce qu’ils auraient été accomplis à distance et non au corps à corps.

Sam Kenoi, Apache Chiricahua, fils d’un éclaireur de l’Armée Américaine profite de la grande guerre pour reproduire l’engagement paternel. Il se battra après la guerre pour la reconnaissance et l’octroi de pension aux éclaireurs. Il sera surtout connu pour son combat politique contre Asa Daklugie, neveu de Geronimo, qui reproche la déportation de son peuple du fait de l’engagement des Scouts Apaches. A l’inverse, Sam Kenoi reprochera à ses ennemis politique Apache de n’avoir pas eu le courage de s’engager et d’aller au combat.

 

En plus de la reconnaissance par les gouvernements et les organismes d’anciens combattants, les vétérans Amérindiens doivent donc faire face à un certains mépris de la part de leur propre peuple. Mais tout ne sera pas mauvais pour eux, certains comme Pegahmagabow Francis ou Onondeyoh Loft au Canada connaitrons des carrières politique. Des soldats comme Joseph Joe Clark continuerons leur service militaire, pour atteindre dans ce cas précis le grade d’amiral de la marine 40 ans plus tard; ou Zahn Francis Benjamin qui au cours de sa vie, fut interprète pour des représentants du gouvernement, joua dans des films et fut un juge tribal en chef.

 

Date de dernière mise à jour : 21/05/2018